LITTERATURES
DE DACRES
N°33
LES ROSES
D’HÉLIOGABALE
ou l’Académie de cuisine du Roi-Soleil
Jacques Decaen
résumé
_ Le nom est « Passions égyptiennes ». Tenez, Monseigneur, goûtez.
L’homme s’en régala et hocha la tête, affichant une mine ravie.
_ Votre renommée n’est décidément pas usurpée, mon ami, c’est divin ! Mon choix est donc
fait...
_ Puis-je vous demander où et quand cela aurait lieu ?
_ Près de Melun, au Château de Vaux. Une fête y sera donnée au mois d’août par Nicolas
Fouquet, le marquis de Belle-Ile.
Portant à ses narines ses gants parfumés, il ajouta :
_ Je suis François Vatel, son maître d’hôtel. Oh, j’oubliais : le roi sera présent, avec la Cour au
grand complet.
En ce XVIIe siècle gourmand, le jeune Lucian démontre des aptitudes particulières qui l’amèneront
au coeur des dispositifs dédiés à la sustentation et des cuisines où se concoctent les mets, de
repas en repas, de l’ordinaire du petit peuple ou de la soldatesque, aux mets pléthoriques et
amphigouriques des fêtes fabuleuses données pour Louis XIV. Il fréquentera les plus hautes
personnalités de son temps, jusque dans les arcanes de l’Académie de cuisine du roi, dont il
deviendra une pièce maîtresse, et qui fut l’objet de débats passionnés réunissant, autour de la
question alimentaire dans sa dimension théorique et idéologique, les beaux esprits de l’époque.
Ce fut aussi une tentative de libérer l’activité culinaire du joug des corporations et des confréries,
jugées passéistes et rétrogrades, avec une dimension politique, religieuse et économique,
provoquant luttes d’intérêts, intrigues et complots, à une époque où les communautés de métiers,
ordres et sociétés rivales plus ou moins occultes, se livrent des guerres sans merci.
François Massialot, le fils de Lucian, deviendra quant à lui le célèbre cuisinier qui révolutionnera
la gastronomie française par ses innovations culinaires et ses écrits fondateurs.
Au-delà du récit, Les Roses d’Héliogabale porte une réflexion très actuelle au sujet de ce qu’il
conviendrait de manger, sur le plan de l’esthétique, du plaisir et de la diététique.
l'auteur
Professeur d’Arts plastiques et d’Arts appliqués avec de nombreuses années d’enseignement
en Lycées hôteliers et plus récemment sur le continent africain, Jacques Decaen a hérité de
son père historien une passion pour l’Histoire, l’investigation, la recherche, au coeur des XVIIe et
XVIIIe siècles, avec un intérêt particulier pour la symbolique, la rencontre de l’art et de l’aliment à
l’époque moderne.
Ses différents postes d’enseignant, tant en France qu’à l’étranger lui ont offert autant de champs
d’observation propices pour l’étude des particularités alimentaires et de thèmes comme :
« Aliments et postures alimentaires : entre attraction et répulsion », « Le beau dans l’alimentation :
le rituel et le signifiant », qui l’ont mené à écrire son premier roman, Les Roses d’Héliogabale...